Une femme de 61 ans et son fils de 27 ans ont été condamnés à six mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende chacun par le tribunal correctionnel de Montluçon ce mardi. Ces deux habitants de Saint-Martinien ont été reconnus coupables de harcèlement moral, entre 2022 et 2025. Les victimes étaient deux couples de voisins des prévenus.
Ils avaient acheté une maison à rénover dans un petit hameau de Saint-Martinien. "Nous voulions vivre une vie paisible et tranquille", raconte le mari du couple. Mais dès leurs premiers pas chez eux alors qu'ils avaient engagé de gros travaux de rénovation dans le bien qu'ils venaient d'acquérir, ils ont déchanté. Et trois ans après, ils sont à bout de nerfs. "Nous sommes hébergés chez de la famille. Nous ne vivons plus chez nous. Et nous n'avons plus le coeur à travailler".
Une situation partagée par l'autre couple partie civile. Eux habitent sur place depuis le printemps dernier après de longs mois de travaux. "Mais notre vie est destabilisée", explique la femme. Calme et posée devant les juges, elle compare le garage de ses voisins d'en face à "un mirador. C'est un poste d'observation". D'où les deux couples, comme d'autres habitants cités dans le dossier, assurent être observés. Epiés. Insultés parfois. Comme d'autres habitants du hameau qui, dès 2020, avaient remis une pétition au maire de la commune pour dénoncer les agissements de la mère et de son fils. Une situation délicate qui pèse sur la santé mentale des victimes, les médecins les ayant observés concluant à des patients souffrant d'anxiété et d'angoisse. "Je ne suis plus en sécurité", résume l'une des deux femmes.
Face à ces accusations, les prévenus restent quant à eux droit dans leurs bottes, persuadés, disent-ils, d’être la cible d’un "complot pour les faire partir". Alors, ils s’estiment dans leur bon droit de dénoncer l’utilisation d’outils bruyants en dehors des plages horaires autorisées… même lorsque celles-ci sont dépassées de quelques minutes seulement. D'appeler également l'employeur d'un de leurs voisins qui roule "trop vite", selon eux, avec un véhicule de société. "Une maladresse", admettra le fils, seul moment des trois heures d'audience où l'on apercevra une once de remise en question. "On a l'impression de passer pour des monstres", se victimise la mère, dans la foulée. "Cela donne l'impression que vous ne supportez rien et que vous vous comportez en justiciers ", note le président du tribunal en évoquant aussi les remontrances, pêle-mêle, pour le bruit des tracteurs, le chant du coq, les aboiements du chien.... "J'aime bien ma tranquilité, lui répond le prévenu. Je veux qu'on respecte les lois".
En pointant "l'esprit malveillant" de la mère et de son fils, la représentante du parquet requiert une amende de 1.500 euros dont 1.000 avec sursis, et l'exécution d'un stage de citoyenneté, afin de "mettre fin à ce sentiment de toute puissance". Reste à savoir si la peine prononcée suffira à ramener le calme dans ce lieu-dit.
Le compte-rendu complet diffusé dans nos éditions de ce mercredi.